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Les chroniques littéraires de Kono
Il y a quelques mois la maison d'édition argentine, Eternia Cadencia, a publié un livre étonnant qui n'est autre que El libro que no puede esperar, en anglais The book that can't wait. Sa particularité? Le texte de ce livre a été imprimé avec une encre spéciale qui s'efface avec le simple contact de l'air (le livre est sous-vide)! L'encre s'efface petit à petit et c'est au bout de deux mois qu'il n'y a plus rien. Coup marketing ou raison plus profonde, à chacun son avis. Je trouve le concept assez intéressant et cela incite à lire un roman au lieu de le laisser traîner dans les étagères. D'un autre côté, mon côté matérialiste me dit qu'il est mieux de garder un livre pour pouvoir le relire, le prêter... Ce serait triste quand même de se retrouver avec un bouquin avec des pages blanches, non?
Auteur: Jerôme Noirez
Editeur: Gulf Stream Editeur
Publication: 2011
Nombre de pages: 188
Emprunt médiathèque
CALIFORNIE, 1930. Dans le quartier des femmes de la prison de San Quentin, une jeune fille de dix-sept ans attend le jour de son exécution. Elle s'appelle June, a une bouille d'ange, parle avec maladresse et timidité. Elle raconte ce qui l'a menée là, sur la Desolation Road, la route de la désolation qu'on emprunte un jour et qu'on ne peut plus jamais quitter: une passion absolue, déchirante, pour un garçon nommé David, une histoire d'amour ponctuée par le vol, le kidnapping et le meurtre à travers la Californie de la Grande Dépression, en compagnie des parias, des criminels et des fantômes. Quand le journaliste venu l'interviewer demande à June ce qu'est l'amour à ses yeux, elle répond: « De la poussière et des étoiles, monsieur. » Le long de la Desolation Road, il n'y a rien d'autre à contempler.
Musicien et écrivain, Jérôme Noirez a publié quatre romans pour les adultes. Sa trilogie de fantasy Féerie pour les ténèbres a été nominée au Grand Prix de l'Imaginaire, au prix Imaginales et au prix Merlin. Leçons du monde fluctuant a été remarqué comme une oeuvre aussi « étrange que jubilatoire. » Ecrivain inclassable à l'imaginaire foisonnant, il impose désormais son ton unique à la littérature de jeunesse. Il signe ici son quatrième roman pour « Courants noirs ».
Gayle Hudson, un journaliste, s'apprête à interviewer une jeune fille dont l'exécution est proche. Elle s'appelle June Madero, elle a 17 ans et dit ne plus se soucier de la vie puisque David, l'homme de sa vie, est mort. Lors de cette entrevue, elle débute par le commencement: son enfance sereine avec ses parents, son déménagement chez sa tante et son oncle à la mort de son père. Certains événements qui s'y sont déroulés ont amené June à détester cet endroit ainsi que les personnes qui s'y trouvaient. Sauf un. Celui qui lui permettait d'oublier tous ces malheurs.
Mais lors d'un terrible accident, June et David décident de quitter leur ville: ils vont donc partir, chercher un travail et vivre leur vie ensemble. Seulement tout ne se passe comme prévu, les temps sont rudes et il est bien difficile de gagner sa vie... Alors les deux jeunes vont choisir une autre voie malgré eux...
Ce roman est un véritable coup de coeur: j'ai beaucoup adoré la plume de l'auteur, fluide, sans artifices et sans fioritures. Le récit est partagé entre deux personnes, celui de Gayle le journaliste et celui de June. Le roman est très bien rythmé, entre passages de suspense, d'action et d'amour. Je ne me suis pas du tout ennuyée! Les descriptions des routes désertes américaines sont réalistes et d'une beauté malgré une certaine tristesse.
Même si June et David sont des criminels, ils restent toutefois des personnages attachants: ce sont juste des jeunes à qui la vie n'a pas vraiment réussi, si ce n'est qu'en amour. Puisqu'ils n'ont pas pu trouver de travail, ils seront obligés de trouver autre chose. Dans ce roman, ils vont nous prouver que l'amour est plus fort que tout et que les épreuves les plus difficiles ne font que renforcer un couple. Tout au long du livre, ils vont se soutenir et s'aimer encore plus malgré les coups durs.
Ce que j'ai trouvé le plus étonnant, c'est qu'un auteur masculin ait su retranscrire les émotions d'une jeune fille avec tant de simplicité sans niaiserie. Lorsqu'elle nous raconte sa première rencontre avec David, on arrive à se mettre à sa place, ressentir ses émotions. Mais attention, June n'est pas une fillette fragile: avec le temps elle se révèlera mature et courageuse.
Je ressors chamboulée de cette lecture tellement elle m'a émue... Dommage que le livre ne soit pas plus long!
Auteur: Veronica Roth
► Livre numérique
Nombre de pages: 440
Cinq destins. Un seul choix.
Tris vit dans un monde post-apocalyptique où la société est divisée en cinq factions. À 16 ans elle doit choisir sa nouvelle appartenance pour le reste de sa vie. Cas rarissime, son test d'aptitudes n'est pas concluant. Elle est divergente, elle est en danger de mort!
Tris, de son vrai nom Béatrice, est une jeune fille de 16 ans qui s'apprête à passer le test d'aptitude qui lui révèlera quelle faction elle pourra choisir. Dans son monde, il existe cinq factions: les Sincères, les Fraternels, les Erudits, les Audacieux et celui des Altruistes auquel elle fait parti depuis sa naissance. Chaque faction a sa propre façon de penser, de fonctionner, ce qui soit-disant permet le bon fonctionnement de la société. Ainsi, le test de Béatrice est peu concluant car sa personnalité ne lui permet pas d'être dans une seule faction. Elle est divergente, quelque chose de très rare et de très dangereux. Elle va devoir cacher ce secret pour se protéger!
Un vrai régal! La lecture a été très agréable même si j'ai trouvé la mise en route un peu lente mais ensuite, on entre très vite dans l'action et on est happé! Le style de l'auteur est fluide, riche et même si le roman est en majorité destiné à un public féminin je ne l'ai pas pour autant trouvé niais à souhait. Je dirais même que c'est assez mature. Il n'y a pas trop de dialogues, ni trop de descriptions et donc on ne s'ennuie pas. La recette magique est au rendez-vous: une histoire bien construite, de l'action, de l'amour, du suspens, de la haine!
Après avoir choisi sa faction définitive, Tris et les novices, vont devoir passer ce qu'on appelle l'initiation: une série d'épreuves destinées à tester les capacités de chacun d'entre eux. Les personnes en tête de classement feront parti intégrante de la faction et les autres deviendront des "sans-factions" soit des marginaux de la société. Au cours de l'initiation, la protagoniste va en vivre des choses plus ou moins agréables. Elle tentera d'en savoir plus à propos de sa divergence mais aussi de ce qui se trame entre les différentes factions. Car il y a une mésentente entre certaines de ces dernières...
L'histoire en elle-même, le principe des factions, est très originale. Cela doit être la deuxième dystopie que je lis et j'adore! Il y a de la science-fiction mais pas trop pour nous faire évader du monde. Comme le récit est à la première personne (dans la peau de Béatrice, donc), on se met à sa place et on arrive à ressentir les émotions. J'ai trouvé les personnages très attachants, très vivants et je me suis surprise à en aimer ou en détester certains. La protagoniste est une fille forte, intelligente et sensible et cela fait d'elle une héroïne remarquable (et en plus c'est la mode des héroïnes trop fortes qui savent se battre, mais oui bien sûr).
Puis l'histoire d'amour vient pimenter le tout. Ces derniers temps, j'ai perdu le goût des histoires d'amour (je pense avoir lu les mauvais romans!) mais ici, je m'en suis délectée! Pas que j'ai vécu cette histoire d'amour naissante par procuration mais ça m'a fait l'effet de revivre mon adolescence où je rêvais de prince charmant et tralala. Ici, ce n'est pas une histoire où les deux personnages se jettent dans les bras l'un de l'autre mais ils se cherchent. Il y a du mystère tout autour et tout ce qu'on arrive à dire c'est " Vas-y embrasse-le!"!
Auteur: Mitch Albom
► Mon livre:
Editeur: Pocket
Publication: 2003
Prix: Occasion 1€
Nombre de pages: 216
Pendant des années, le vieil Eddie, petit bonhomme trapu de 83 ans, a veillé au bon fonctionnement des attractions de la fête foraine de Ruby Pier. Comble de l'ironie, c'est ici qu'il vient tout juste de mourir, écrasé sous la nacelle d'un manège alors qu'il tentait de sauver la vie d'une fillette...
Arrivé dans l'au-delà, le défunt se retrouve embarqué sur un vaste océan multicolore et multiforme où, comme dans un rêve éveillé, il va faire cinq rencontres bouleversantes et déterminantes: avec Marguerite, son amour perdu, mais aussi son ancien capitaine d'infanterie, une vieille femme aux cheveux blancs, un mystérieux homme bleu et une toute jeune asiatique détenant, dans ses petits doigts atrocement brûlés, le secret d'Eddie et de sa destinée...
La vie d'Eddie se résume en une seule chose: la fête foraine Ruby Pier où il a passé toute sa vie à entretenir les attractions. Il se sentait coincé dans cette vie qu'il n'a jamais voulu, à faire toujours la même chose. Un jour, alors qu'il a essayé de sauver une petite fille d'un terrible accident, Eddie meurt. Peut-être est-ce la toute fin et bien non c'est le commencement de toute une histoire: celle d'un homme qui, à travers la rencontre de plusieurs personnes, va enfin apprendre le sens de sa vie et ainsi mourir en paix avec lui-même. Mais que peuvent bien être les leçons qu'il va apprendre?
Petit à petit, Eddie va connaître le pourquoi du comment et que même si sa vie n'a pas été celle qu'il souhaitait, il comprendra pourquoi ça en été ainsi.
Le récit est bien écrit, ça se lit très vite. Dès le début, l'auteur nous met dans l'action en nous racontant successivement les derniers instants de la vie d'Eddie ou plutôt en compte à rebours. L'auteur tente de nous toucher avec tous ces souvenirs, le passé et cela fonctionne: on en devient nostalgique. Malgré ça, j'ai trouvé le roman un peu trop simpliste et vite expédié. Les leçons qu'apprend Eddie sont brèves et je n'ai pas trop accroché. La preuve, je ne les ai même pas retenues! Autant dire que je n'ai rien retenu de cette lecture, si ce n'est pardonner aux gens qui nous font ou nous ont fait du mal. Dans le roman, Eddie doit pardonner son père pour avoir été indifférent, dur et violent. Il le battait, il le méprisait, il n'essayait pas de le comprendre. Mais une des personnes que rencontre le protagoniste lui dit de pardonner car il ne sait pas quelle personne son père a été auparavant ni ce qu'il a vécu. OR, selon moi, ce n'est pas parce que quelque chose nous a affecté jadis que ça doit se répercuter sur la relation avec ses propres enfants ni avec quiconque d'ailleurs. Ce n'est pas une excuse et je trouve ça inadmissible. Je veux bien concevoir que la bonne parole de l'auteur se veut bienfaitrice ou je ne sais quoi mais il ne faut pas abuser.
Comme dans un autre roman de Mitch Albom, intitulé Pour un jour de plus, le récit est partagé en plusieurs parties distinctes: le présent, les souvenirs et sa vie au Ciel. Les souvenirs sont consacrés aux anniversaires d'Eddie, nous plongeant dans son passé et ainsi découvrir une bribe de sa vie. J'ai trouvé ce roman très similaire à cet autre ouvrage: le personnage principal (un homme), vieux et ayant des regrets ou des remords, les relations difficiles, voire inexistantes entre parents et enfants, le père indifférent et la mère protectrice. Je trouve que ça fait un peu vieux jeu tout ça et ça même gonflée de voir ce schéma répétitif. Je suis déçue de cette lecture.